Portefeuilles cryptos : nouvelle arme des escrocs
S’adonner aux jeux de hasard en ligne nécessite habituellement une inscription, une vérification d’identité, et parfois même des limites fixées par l’opérateur lui-même pour lutter contre les addictions. Ce système, quoique imparfait, offrait un minimum de contrôle. Aujourd’hui, ce fragile équilibre est mis à mal par une technologie bien connue : le portefeuille crypto.
En quelques clics, il est désormais possible d’accéder à des casinos en ligne via un wallet crypto décentralisé, sans jamais fournir son nom, son âge ou sa localisation. Aucune identification, aucune vérification, aucune restriction. Il suffit de connecter son portefeuille et de jouer. À la clé : un univers sans lois ni régulations, où la promesse de gains rapides dissimule une réalité bien plus sombre.
« C’est dramatique ! » s’indigne Massimo Menegalli, directeur de Golden Palace et acteur engagé dans le secteur du jeu légal.
Une absence totale de cadre légal
Les plateformes de jeux qui s’appuient uniquement sur les cryptos n’ont aucune obligation réglementaire. Elles se soustraient aux normes nationales et européennes, opèrent en dehors des juridictions connues, et utilisent l’anonymat comme argument marketing.
Elles ne disposent pas de licence officielle, ne respectent aucune règle de jeu responsable et n’appliquent aucun filtre pour protéger les mineurs ou les personnes interdites de jeu. Un vide juridique dont profitent certains opérateurs pour attirer une clientèle vulnérable, souvent jeune et en quête de sensations fortes.

“Elles s’adressent aux plus jeunes. Aux plus vulnérables. À ceux qu’on est censés protéger. Et elles s’en lavent les mains”, dénonce Menegalli dans une publication LinkedIn.
Des risques majeurs pour les joueurs… et pour la société
L’absence de vérification d’identité soulève une autre alarme : celle du blanchiment d’argent et de la fraude fiscale. Avec l’anonymat garanti par les portefeuilles décentralisés, il devient presque impossible de tracer les flux financiers. Des groupes criminels pourraient en profiter pour faire transiter des fonds douteux sans être inquiétés.
En parallèle, les utilisateurs lambda ne bénéficient d’aucun recours en cas de litige, aucun support client, aucun suivi des pertes, et aucune possibilité d’auto-exclusion, pourtant obligatoire dans les structures légales.
Les opérateurs légaux tirent la sonnette d’alarme
Les opérateurs agréés, comme Golden Palace Casino & Sports, mettent en avant les contrôles qu’ils sont tenus d’effectuer :
- Vérification d’identité (KYC)
- Contrôle de l’âge
- Surveillance du jeu excessif
- Mesures contre le blanchiment
L’inégalité de traitement crée une concurrence déloyale et pousse certains joueurs à fuir vers ces plateformes « fantômes » attirés par la simplicité et l’anonymat, au détriment de leur sécurité.
Que fait-on ? Pourquoi tant d’inaction ?
La question cruciale demeure : qu’attend-on pour intervenir ? Malgré les signaux d’alerte, aucune régulation spécifique n’encadre encore l’usage des cryptomonnaies dans les jeux d’argent en ligne à l’échelle européenne. Les juridictions nationales tentent tant bien que mal d’adapter des lois déjà obsolètes face à l’agilité des technologies blockchain.
La complexité technique et juridique de ces nouveaux acteurs rend leur régulation difficile. Beaucoup opèrent depuis des territoires où l’extraterritorialité rend les poursuites quasi impossibles.
Pourtant, selon Menegalli, ne rien faire, c’est laisser les dérives définir la norme.
« Mais qu’est-ce qu’on attend pour intervenir ? Avant que ce ne soit les dérives qui nous régulent. »
L’appel à une gouvernance commune
Une harmonisation européenne s’impose, couplée à une coopération internationale pour suivre les flux de cryptos, imposer des obligations KYC aux plateformes, et restreindre l’accès à ces casinos clandestins. Des initiatives comme le règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets) vont dans ce sens, mais leur entrée en vigueur prendra encore du temps.
Pendant ce laps, la responsabilité repose aussi sur les utilisateurs, souvent mal informés. Une campagne de sensibilisation massive est nécessaire pour alerter sur les dangers de ces plateformes, souvent perçues à tort comme plus modernes, plus « cool », ou plus éthiques, car liées aux cryptos.
Alors que les technologies avancent à une vitesse fulgurante, les systèmes de régulation peinent à suivre. Il ne s’agit pas ici de rejeter l’innovation, mais de lui donner un cadre. L’avenir des jeux en ligne dépendra de notre capacité à créer un écosystème juste, transparent et protecteur pour tous.
La crypto n’est pas le problème en soi, mais son usage sans cadre, si.