Réforme du jeu : l’Irlande en pause
Le gouvernement irlandais a annoncé que l’application complète de la nouvelle législation sur les jeux d’argent, prévue par le Gambling Regulation Act 2024, ne débutera qu’à la mi-2026. Cette décision suscite des préoccupations parmi les experts en santé publique et les défenseurs des personnes vulnérables, qui estiment que ce retard pourrait aggraver les problèmes liés au jeu compulsif.
Un report qui inquiète les défenseurs de la santé publique
Le Gambling Regulation Authority of Ireland (GRAI), l’organisme chargé de superviser le secteur, a été officiellement établi en mars 2025. Cependant, ses pouvoirs exécutifs, notamment en matière de délivrance de licences et d’application des nouvelles règles, ne seront pas pleinement opérationnels avant l’année prochaine. En conséquence, des initiatives clés, telles que le Fonds d’Impact Social destiné à financer des programmes de traitement et de prévention, restent en suspens.
Un secteur en attente de régulation stricte
Actuellement, l’industrie du jeu en Irlande continue de fonctionner sous l’ancien cadre réglementaire, sans obligation de se conformer aux nouvelles normes prévues. Cela signifie que les opérateurs ne sont pas encore tenus de vérifier l’identité des utilisateurs avec une pièce d’identité, d’interdire les dépôts par carte de crédit ou de restreindre la publicité pendant les heures où les mineurs sont susceptibles d’être exposés.
Le retard dans la mise en œuvre de ces mesures laisse les joueurs, en particulier les jeunes, sans les protections promises. Des études récentes indiquent que plus de 20 % des adolescents irlandais de 16 ans ont participé à des activités de jeu au cours de l’année écoulée, soulignant l’urgence d’une intervention réglementaire.
Des voix s’élèvent pour une action rapide
Le député travailliste Mark Wall, fervent défenseur de la réforme du jeu, a exprimé son inquiétude face à ce report :
“Les personnes confrontées à la dépendance au jeu ont désespérément besoin que le Fonds d’impact social soit opérationnel le plus rapidement possible. Il ne s’agit pas d’une simple statistique, mais d’un reflet de la crise réelle et croissante qui touche notre jeunesse.”
Le ministre de la Justice, Jim O’Callaghan, a confirmé que le régime de licences du GRAI ne commencera qu’à la mi-2026. Il a également précisé que le fonds, financé par des contributions des titulaires de licences basées sur un pourcentage de leur chiffre d’affaires annuel, ne sera activé qu’après l’octroi des premières licences.
Une montée en puissance progressive du régulateur
Malgré le retard, le GRAI continue de se développer. L’autorité prévoit d’atteindre un effectif de 35 employés d’ici la fin de 2025, avec une augmentation continue du personnel en 2026 et 2027 pour soutenir la mise en œuvre des nouvelles réglementations.
Anne Marie Caulfield, directrice générale du GRAI :
“À chaque étape du processus législatif, le mandat de santé publique a été maintenu au premier plan. Nous continuerons à placer la santé publique au centre de tout ce que nous faisons.”
Une fois pleinement opérationnelles, les nouvelles règles interdiront les incitations telles que les paris gratuits, prohiberont l’utilisation de cartes de crédit pour les dépôts et renforceront les contrôles publicitaires pendant les périodes où les enfants sont susceptibles d’être exposés. Les entreprises devront vérifier l’identité des clients avec une pièce d’identité avec photo, et la création de comptes pour les mineurs sera illégale.