Pubs de jeux interdites ? Google s’explique
Depuis plusieurs mois, les Pays-Bas cherchent à mieux encadrer la publicité pour les jeux d’argent en ligne. Google affirme déjà restreindre ces annonces aux opérateurs agréés par la Ksa, mais malgré des milliards de publicités supprimées en 2023, des failles subsistent à cause de techniques sophistiquées. Une motion parlementaire propose d’intégrer une whitelist officielle dans la loi pour renforcer la protection des consommateurs et limiter l’exposition aux opérateurs illégaux.
Depuis des mois, les Pays-Bas tentent d’encadrer la publicité pour les jeux d’argent en ligne. Lors d’un récent débat parlementaire, les députés Mikal Tseggai et Willem Koops ont demandé l’instauration stricte d’une “whitelist”, n’autorisant que les opérateurs licenciés à apparaître sur Google. Ce que peu savaient : cette liste existe déjà, selon Google lui-même.
Dans un échange exclusif avec CasinoNieuws.nl, un porte-parole de Google a confirmé que seuls les opérateurs disposant d’une licence de la Kansspelautoriteit (Ksa) peuvent légalement faire de la publicité via ses plateformes.
Une vigilance constante, mais insuffisante ?
Malgré ces règles strictes, la réalité est plus complexe. Les consommateurs continuent de voir apparaître des publicités pour des casinos illégaux. Comment cela est-il possible ? Google reconnaît qu’il existe toujours des acteurs cherchant à contourner ses procédures.
Google n’est pas resté les bras croisés : en 2023, l’entreprise a supprimé pas moins de 5,5 milliards d’annonces non conformes. Parmi elles, 192,7 millions concernaient des contenus liés aux jeux d’argent, selon leur Ads Safety Report 2023.
Mais malgré ces chiffres impressionnants, les failles persistent. De faux sites vitrine, des redirections sournoises, et d’autres techniques de fraude compliquent la tâche.
Les méthodes de fraude publicitaire dévoilées
Un phénomène particulièrement problématique est celui du “cloaking” : les publicités prétendent promouvoir un service anodin, mais redirigent en réalité vers des sites de jeux d’argent illégaux. Ce type de fraude a représenté à lui seul plus d’un milliard d’annonces supprimées en 2023, un record selon le rapport officiel Ads Safety Report 2023.
Ce type de technique, extrêmement sophistiquée, complique la tâche des systèmes de détection. Google assure cependant renforcer continuellement ses filtres et ses contrôles pour limiter au maximum ces pratiques.
Face à ce constat, Google encourage vivement ses utilisateurs à signaler toute publicité suspecte. Un formulaire spécifique a même été mis en place pour faciliter la dénonciation des contenus illicites.
L’équilibre délicat entre protection et accessibilité
Cependant, un dilemme persiste : interdire complètement la publicité sur les jeux d’argent pourrait avoir un effet contre-productif. Si les consommateurs ne trouvent plus d’offres légales, ils pourraient se tourner massivement vers des sites illégaux.
L’initiative parlementaire des députés Tseggai et Koops est claire : durcir le ton. Leur motion demande non seulement que seuls les opérateurs fiables soient visibles sur Google, mais aussi que cette exigence soit inscrite noir sur blanc dans la nouvelle loi sur les jeux de hasard.
La proposition stipule que seules les entreprises certifiées par la Ksa pourront être visibles dans les résultats de recherche et via les publicités, ce qui reviendrait à renforcer et officialiser la politique actuelle de Google.
La problématique dépasse largement les frontières néerlandaises. Partout dans le monde, les autorités de régulation tentent de limiter l’accès aux jeux illégaux, tandis que les opérateurs frauduleux rivalisent d’ingéniosité pour contourner les règles.
Un combat permanent
Même si Google a mis en place une “whitelist” officieuse, l’ampleur des publicités frauduleuses montre que la bataille est loin d’être gagnée. Les efforts combinés de la tech et du législateur seront indispensables pour garantir un Internet plus sûr pour les consommateurs. En attendant, la vigilance reste de mise.