Des millions gagnés par Roblox sur le dos d’enfants ?
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23 Sep 2025 •
Reading time: 4 minutes Le géant du jeu en ligne Roblox est de nouveau au cœur d’une tempête judiciaire. Devant un tribunal fédéral de San Francisco, la société a demandé l’abandon d’une plainte collective déposée par des parents, qui l’accusent d’avoir indirectement favorisé et profité de pratiques assimilées à des jeux d’argent impliquant des mineurs.
Les accusations : Robux convertis en dollars, enfants piégés
Au centre du litige se trouve la monnaie virtuelle de Roblox, les Robux. Selon les parents plaignants, ces jetons peuvent être utilisés par des enfants pour miser sur des sites tiers fonctionnant comme de véritables casinos en ligne.
Ces plateformes proposaient des jeux de hasard où les Robux servaient de mise, puis, en cas de gains, pouvaient être reconvertis en dollars. Les parents soulignent que la société perçoit une commission d’environ 30 % lors de la conversion de Robux en monnaie réelle, ce qui, selon eux, équivaut à tirer profit directement de ces pratiques.
Face à ces accusations, Roblox se défend fermement. Ses avocats affirment que l’entreprise n’a jamais exploité ni administré de site de jeux d’argent. L’entreprise soutient que les lois californiennes en matière de jeux de hasard ne peuvent être appliquées ici, car les activités reprochées se déroulaient en dehors de son écosystème officiel.
Un juge partagé entre scepticisme et prudence
Lors de l’audience, le juge fédéral Vince Chhabria a fait part de ses doutes concernant la stratégie des plaignants. Selon lui, invoquer le code pénal de Californie dans cette affaire civile pourrait mener à une interprétation trop large et à des résultats inattendus.
Toutefois, il n’a pas fermé la porte à la poursuite de la procédure. Le magistrat a rappelé que la loi californienne sur la concurrence déloyale (Unfair Competition Law) permet de sanctionner des pratiques jugées injustes, même si elles ne constituent pas une infraction pénale stricte.
Les représentants des familles insistent sur le fait que le dossier est loin d’être clos. Ils souhaitent obtenir davantage de preuves sur les liens éventuels entre Roblox et les plateformes de jeux en ligne, mais aussi sur le manque présumé de mesures de prévention ou d’avertissement adressés aux utilisateurs mineurs.
Un dossier déjà ancien et un précédent judiciaire
Ce n’est pas la première fois que Roblox est visé sur ce terrain. Dans une décision antérieure, le même juge Chhabria avait déjà rejeté des accusations de racket formulées contre la société, tout en laissant ouverte la possibilité de poursuites pour négligence.
Cette continuité judiciaire montre que, même si les accusations les plus graves n’ont pas trouvé écho auprès du tribunal, la question de la responsabilité de Roblox reste bien présente.
Un contexte politique et législatif tendu
Ce procès intervient alors que les législateurs californiens débattent d’un projet de loi visant à interdire les casinos sweepstakes. Ces systèmes permettent aux joueurs de miser avec une monnaie virtuelle échangeable contre de l’argent réel, une mécanique directement au cœur de la controverse Roblox.
Si cette législation venait à être adoptée, elle pourrait non seulement influencer l’issue de l’affaire actuelle, mais aussi servir de référence pour d’autres procès touchant l’industrie du jeu vidéo et du divertissement en ligne.
Une bataille à enjeux colossaux
Roblox, qui revendique plus de 200 millions d’utilisateurs actifs mensuels à travers le monde, dont une grande majorité d’enfants et d’adolescents, joue gros dans cette affaire. Outre des dommages financiers potentiels, c’est surtout son image et sa crédibilité auprès des familles qui sont en jeu.
Si le juge décide de laisser certains volets de la plainte se poursuivre, Roblox pourrait être contraint d’affronter un long procès. Les parents espèrent obtenir des indemnisations pour les pertes de leurs enfants, mais également pousser l’entreprise à renforcer ses garde-fous contre toute dérive liée à l’usage des Robux.
L’affaire Roblox dépasse le simple cadre d’un conflit entre une entreprise et quelques familles. Elle symbolise un débat plus large sur les zones grises qui persistent entre divertissement, monétisation et pratiques assimilées aux jeux d’argent.