Les clubs de football continuent à compter sur les sponsors de jeux d’argent
Le monde du football belge est confronté à un défi de taille : concilier les enjeux financiers et les préoccupations sociales liées aux partenariats avec les opérateurs de jeux d’argent. Alors que le gouvernement belge a mis en place un cadre législatif visant à restreindre la publicité pour les jeux d’argent, les clubs de football continuent de s’appuyer sur ces partenariats pour assurer leur survie économique.
Période de transition
Le gouvernement belge a introduit une interdiction de la publicité pour les jeux de hasard afin de tenter de limiter les dangers de la dépendance au jeu. Il existe une période de transition jusqu’en 2025 pour le secteur du sport. Les clubs sportifs profitent de ce temps pour conclure de nouveaux accords.
« Cette période de transition a été défendue avec l’argument qu’elle donnerait temporairement aux clubs l’oxygène nécessaire pour chercher d’autres sponsors.
Mais dans la pratique, on constate qu’ils profitent de cette période pour conclure de nouveaux accords avec des sociétés de jeux de hasard. »
Bram Constandt, professeur de gestion sportive à l’Université de Gand
Attrait financier
Les sommes d’argent investies par les opérateurs de jeux d’argent dans le sponsoring sportif sont considérables. Environ 12 % des revenus des clubs professionnels proviennent de ces collaborations. Pour de nombreux clubs, ces partenariats représentent une source de revenus indispensable pour équilibrer leurs budgets. Cela peut expliquer pourquoi les clubs sportifs signent de nouveaux contrats, même à l’approche du durcissement de la réglementation.
Bien qu’ils reconnaissent la nécessité d’ajustement, la Pro League, l’organisation faîtière du football professionnel belge, lutte activement contre cette interdiction. En association avec d’autres organisations sportives, ils ont déposé une action en justice pour faire lever cette interdiction.
« Il est vrai que les clubs doivent s’autoréguler, des ajustements devront être faits là où c’est nécessaire. »
Stijn Van Bever, porte-parole de la Pro League
Impact social
Alors que les clubs de football font face aux conséquences financières d’une éventuelle perte de revenus, les avertissements se multiplient quant à l’impact social de la publicité sur les jeux de hasard.
« En Flandre, il y a déjà environ 50 000 personnes souffrant d’une grave dépendance au jeu, et ce nombre augmente d’année en année. Chaque publicité augmente le risque d’attirer de nouveaux joueurs. »
Frieda Matthys, psychiatre à la VUB
Les jeunes, en particulier, semblent sensibles à l’attrait de la publicité sur les jeux de hasard, les stars et les clubs de football servant de modèles. La recherche montre que les enfants dès l’âge de cinq ans reconnaissent les logos des sociétés de jeux d’argent dès leur plus jeune âge et les associent à leurs équipes sportives préférées.
Dilemme pour les supporters
Les supporters se retrouvent souvent tiraillés entre leur attachement à leur club et leurs préoccupations éthiques. D’un côté, ils souhaitent que leur équipe dispose des moyens nécessaires pour performer au plus haut niveau. De l’autre, ils sont de plus en plus nombreux à rejeter les partenariats avec les jeux d’argent, qu’ils jugent incompatibles avec les valeurs du sport.
« Nous savons, grâce à nos propres recherches, que les supporters belges trouvent le parrainage des sociétés de jeux de hasard peu sincère et moralement inapproprié. »
Bram Constandt, professeur de gestion sportive à l’Université de Gand
L’avenir de la publicité pour les jeux de hasard dans le football
Le débat sur la publicité des jeux de hasard dans le football est loin d’être réglé. Alors que les clubs continuent de se battre pour maintenir cette source de revenus, les critiques réclament une approche plus stricte pour limiter les dangers de la dépendance au jeu.
Les prochaines années seront déterminantes pour l’avenir de ces relations. Les clubs devront probablement s’adapter à un nouveau paysage réglementaire et explorer de nouvelles sources de financement.