1 mineur belge sur 4 joue déjà pour de l’argent
Le jeu semble être un passe-temps innocent, mais pour de nombreux jeunes, le danger commence avec un simple ticket à gratter. Hendrik Peuskens, psychiatre et responsable du service Addiction Care au sein du groupe de soins Alexianen à Tirlemont, prévient que le risque de dépendance au jeu peut survenir dès le plus jeune âge. Une étude du centre d’expertise flamand pour l’alcool et les autres drogues (VAD) montre qu’un mineur sur 4 a déjà joué pour de l’argent. C’est une grande source d’inquiétude pour les experts.
Les tickets à gratter sont populaires auprès des mineurs
Les tickets à gratter sont particulièrement populaires auprès des jeunes de 12 à 14 ans. Un quart de ce groupe a déjà acheté un ticket à gratter, même si celui-ci ne peut pas être vendu aux mineurs. Peuskens explique pourquoi c’est si inquiétant.
« Un ticket à gratter a une durée d’attention courte. On l’achète, on se crispe et on gratte immédiatement pour voir si on a gagné. Cette stimulation peut être le premier pas vers une dépendance au jeu. »
Hendrik Peuskens
Il prévient que plus on commence à jouer jeune, plus on a de chances de devenir dépendant plus tard. Il explique que lorsque le cerveau ressent cette poussée d’adrénaline très tôt, un modèle de comportement à risque se crée et c’est très difficile à briser.
De nouvelles règles, mais toujours des inquiétudes concernant les exceptions
Depuis septembre, les règles concernant les jeux d’argent sont devenues plus strictes. Par exemple, la publicité pour les jeux d’argent est interdite et les joueurs ne sont autorisés à participer aux jeux qu’à partir de 21 ans. Cependant, la Loterie nationale fait exception : les jeunes de 18 ans et plus sont toujours autorisés à jouer à ses jeux, comme les cartes à gratter.
Peuskens estime que cette exception doit être révisée de toute urgence.
«Le monde a changé. Les jeux de loterie existent depuis longtemps, mais aujourd’hui, l’offre de jeux d’argent est beaucoup plus large et plus accessible. Les jeux d’argent en ligne rendent tout encore plus facile.»
Le psychiatre estime que les règles devraient se concentrer davantage sur les caractéristiques du jeu lui-même plutôt que sur l’entreprise qui le produit. Tom Evenepoel, de De Druglijn, est du même avis et préconise de relever l’âge minimum à 21 ans pour tous les jeux de hasard.
Pourquoi certains jeux de hasard sont-ils plus addictifs que d’autres ?
Qu’est-ce qui rend un jeu de hasard plus dangereux qu’un autre ? Selon Peuskens, une grande partie du risque réside dans l’accessibilité d’un jeu. La digitalisation des jeux a considérablement abaissé les barrières à l’entrée : les casinos en ligne sont désormais à portée de main, transformant nos poches en véritables salles de jeu. Cette facilité d’accès encourage une pratique plus fréquente et plus impulsive.
Les jeux offrant des résultats rapides, comme les cartes à gratter, sont également très tentants. La gratification instantanée renforce le désir de rejouer, créant un cercle vicieux. Une perte incite à retenter immédiatement sa chance dans l’espoir de récupérer ses mises.
Enfin, un risque majeur réside dans l’illusion de contrôle. De nombreux joueurs ont tendance à croire qu’ils peuvent influencer les résultats du jeu, ce qui est une erreur fondamentale. Cette fausse croyance les pousse à persévérer, convaincus qu’une simple question de chance les sépare d’un gain.
«C’est dangereux, car avec les jeux de hasard, vous n’avez aucune influence sur le résultat. Les gens pensent souvent qu’ils n’ont simplement pas eu de chance et que c’est pour cela qu’ils continuent à jouer.»
Les jeux d’argent peuvent être aussi nocifs que les drogues
Peuskens met en évidence le caractère particulièrement nocif de l’addiction au jeu. Bien qu’elle ne présente pas les mêmes dangers physiques que l’addiction à des substances comme l’alcool ou la drogue, elle peut néanmoins avoir des conséquences dévastatrices sur la vie d’une personne. En effet, les mécanismes cérébraux mis en jeu sont similaires : le jeu provoque une libération de dopamine et d’endorphines, des neurotransmetteurs responsables du plaisir et de la récompense, tout comme les drogues.
Les conséquences de cette addiction peuvent être dramatiques. Les joueurs compulsifs sont souvent confrontés à des difficultés financières importantes, allant jusqu’à la perte de leur logement ou de leur emploi.
“C’est un problème sous-estimé, car le jeu est légal à partir de 21 ans. Mais l’addiction au jeu est un trouble officiel et doit être prise au sérieux.“