À Bagnères‑de‑Luchon, le casino fait toujours polémique

Luchon n’aura pas son casino en 2025. La décision du conseil municipal, tombée début juillet, a laissé un goût d’inachevé : 10 voix contre, 9 pour. Un résultat serré qui a mis en pause le contrat prévu avec le groupe Golden Palace. Si le maire Éric Azémar promet déjà de relancer le dossier à la fin du mois d’août, la confiance dans la viabilité du projet reste fragile.

Des réseaux sociaux globalement favorables au refus

Sur la toile, le ton est plutôt à l’apaisement. Beaucoup d’internautes ont applaudi la prudence du conseil municipal, estimant que l’établissement de jeux ne devait pas renaître “à n’importe quel prix”. Cette formule résume un sentiment partagé : oui à un casino, mais pas si l’équilibre financier repose sur un effort jugé démesuré de la commune. 

Les commerçants voient une opportunité manquée

Pour les professionnels, l’arrêt du projet ressemble à un pari perdu. Tony, restaurateur, exprime son regret :

“Ce serait vraiment bien de retrouver un casino. Cela permettrait d’amener sur Luchon une clientèle différente, avec un bon pouvoir d’achat, qui pourrait rester sur des séjours plus longs. Et cela permettrait aussi aux gens du coin qui vont jouer sur Barbazan de rester sur Luchon, il y en a pas mal qui se déplacent…”

Même constat pour Frédéric, nouvel arrivant qui vient d’acheter un commerce :

“Moi qui viens tout juste d’arriver à Luchon et d’y acheter un commerce, je pense que ce retour du casino serait une bonne chose. Cela pourrait amener une nouvelle clientèle pour les hôteliers et les restaurateurs et faire grandir la ville”

Ces témoignages mettent en lumière la crainte d’un manque à gagner, alors que Luchon cherche à revitaliser son attractivité touristique.

Une solution alternative : renégocier

Au milieu de ce débat, certains habitants adoptent une position plus nuancée. Freddy, ancien commerçant, imagine une autre voie :

“Je pense qu’il faudrait négocier. Les travaux devraient être à la charge du casinotier et la ville pourrait en échange, exiger très peu de loyers et cela, sur plusieurs années, cela me paraîtrait plus équilibré.”

Une proposition qui résonne comme un compromis : attirer l’investissement privé sans risquer d’hypothéquer les finances publiques.

La question reste ouverte : Golden Palace accepterait-il de revoir ses conditions ?

Les voix critiques : “Une utopie”

À l’opposé, certains habitants jugent le projet irréaliste. Claude Haffner, retraité, ne mâche pas ses mots :

“Je pense tout simplement que Luchon n’a plus les moyens d’avoir un casino. La ville devrait investir plus de 3 millions d’euros, tandis que le casinotier s’installerait pour trois ans au pavillon Normand. S’il n’obtient pas le retour qu’il attend, il pourrait se désengager, laissant la ville dans ses travaux ! Non, le risque est trop grand et je pense que les élus ont fait ce qu’il fallait en votant contre. Il va falloir regarder le budget de la ville bien en face, avant que la préfecture ne nous envoie des fonctionnaires pour gérer tout cela !”

Un mois d’août décisif pour l’avenir budgétaire

Alors que les touristes arpentent les allées du marché ou profitent des montagnes environnantes, les élus, eux, savent que les vacances seront de courte durée. L’agenda politique prévoit déjà un retour devant le conseil municipal.

Deux dossiers s’annoncent explosifs : le casino, bien sûr, mais aussi les modifications budgétaires imposées par la chambre régionale des comptes.

Le casino de Luchon n’est pas un projet ordinaire. Il s’inscrit dans une longue histoire : celle d’une ville thermale autrefois prospère, qui cherche aujourd’hui à renouer avec son prestige.