Casino de La Baule : les coulisses des jeux d’argent
Dans son bureau au casino Barrière de La Baule, Geoffrey Salingue sourit en parlant d’argent. Pas parce qu’il l’empoche, mais parce qu’il sait que chaque jeton misé devient l’affaire de toute une mécanique complexe : joueurs, machines, municipalité, État. Et quand on parle de l’économie des jeux, chaque euro raconte une histoire.
Des millions qui changent de mains
En 2024, le casino de La Baule a réalisé entre 13 et 14 millions d’euros de produit brut des jeux. Un chiffre qui classe l’établissement au 69ᵉ rang des 200 casinos français.
“Cette somme est le produit brut des jeux, c’est-à-dire ce que les gens jouent, moins ce que les gens gagnent,” précise Geoffrey Salingue.
Mais tout cet argent ne reste pas dans les caisses du casino. Environ 60 % de ce volume de jeu est immédiatement prélevé par l’État et la municipalité. L’an dernier, 1,3 million d’euros ont été versés à la mairie de La Baule, tandis que plus de 6 millions sont partis directement dans les caisses de l’État.
“Cela fait de nous un acteur économique majeur de la municipalité, admet le directeur, permettant l’organisation d’évènements majeurs, ce qui explique que les mairies souhaitent toutes avoir un casino.”
La sécurité, une obsession quotidienne
Dans un secteur où l’argent liquide circule à chaque instant, la vigilance est une règle d’or. Chaque billet est scruté par des détecteurs pour éviter la fraude. Et lorsqu’il s’agit de gros gains, la règle est claire : pas question de remettre 20 000 € en espèces. Le dispositif va plus loin : des contrôles anti-blanchiment stricts sont imposés par la réglementation française, garantissant une traçabilité quasi totale des flux financiers.
Jouer, c’est une question de probabilité
Les joueurs espèrent gagner, mais le hasard ne se laisse pas dompter. Derrière chaque machine à sous se cache un taux de redistribution réglementaire (TRR), fixé en France à minimum 85 %. À La Baule, il est plus généreux : environ 92 %. Si l’on joue 100 €, on récupère environ 92 € sur le long terme. Mais la magie du jeu réside dans les variations : parfois, la machine rend plus que ce qui a été misé, 110 €, 120 €, voire 200 €.
Les taux de redistribution ne sont pas un secret jalousement gardé. Chaque joueur peut demander à consulter la vignette ou l’ordinateur d’une machine pour vérifier son TRR. Une transparence indispensable. Plus le taux se rapproche des 100 %, plus les clients se sentent en confiance et ont envie de jouer.
C’est là que se joue la compétitivité entre casinos. Car si l’on ne peut pas garantir un gain à chaque joueur, on peut au moins assurer des conditions de jeu justes et encadrées.
Une économie locale sous tension
Si l’État et la ville tirent d’importants revenus des casinos, les établissements eux-mêmes doivent jongler avec une réalité paradoxale : ils sont à la fois une source de divertissement, un pilier économique local et un acteur soumis à une fiscalité lourde.
Le casino de La Baule illustre parfaitement la complexité de l’économie des jeux en France. Derrière les lumières des machines à sous et l’éclat des tables de jeux, l’argent circule dans un cadre fiscal, réglementaire et social d’une extrême rigueur.