La CJH débordée face à un marché en plein essor
Le secteur des jeux de hasard en Belgique est en pleine effervescence, porté par le succès des plateformes en ligne et l’engouement pour les paris sportifs. Cependant, ce dynamisme masque une réalité inquiétante : la Commission des Jeux de Hasard (CJH), chargée de réguler ce marché, se trouve débordée et sous-équipée. Face à l’expansion rapide du secteur, la CJH peine à assurer un contrôle efficace, mettant en péril la protection des joueurs et l’intégrité du marché.
Le marché des jeux de hasard : une croissance exponentielle
Les chiffres sont éloquents : les revenus générés par les jeux de hasard en Belgique ont atteint des sommets en 2023, dépassant largement le milliard d’euros. Le nombre de joueurs, qu’ils soient en ligne ou dans des établissements physiques, ne cesse d’augmenter. Cette croissance fulgurante s’explique en partie par la multiplication des offres de jeux.
Manque de ressources
Pour faire face à cette expansion, la CJH devrait disposer de moyens humains et financiers conséquents. Or, c’est tout le contraire qui se produit. Les effectifs de la Commission ont diminué ces dernières années, alors même que ses missions se sont complexifiées. La cellule de contrôle, chargée de vérifier le respect de la législation, est particulièrement sous-dimensionnée.
Paradoxalement, la CJH ne manque pas de ressources financières. Les opérateurs de jeux versent des contributions importantes à la Commission. Cela représente environ 8 millions d’euros dont 3,5 millions sont destinés au personnel. Mais une partie de cet argent reste inutilisée.
La CJH inflige également des amendes aux opérateurs illégaux. Depuis 2018 on parle de presque 6 millions d’euros infligée. Par manque d’effectif et de moyen, seulement 11% de ces amendes ont réellement été encaissées.
Les raisons de cette situation sont nombreuses : des procédures de recrutement complexes, une dépendance vis-à-vis du SPF Justice et un manque de flexibilité dans la gestion des ressources humaines.
Conséquences d’un manque de contrôle
Les conséquences de cette situation sont multiples. Tout d’abord, la protection des joueurs est menacée. Un régulateur faible laisse la porte ouverte aux pratiques illégales et aux arnaques. Ensuite, l’intégrité du marché est mise à mal. Un marché non régulé est plus vulnérable aux manipulations et aux conflits d’intérêts.
Appel à la réforme
Face à cette situation critique, Magali Clavie, présidente de la CJH, lance un appel à une réforme en profondeur. Elle demande notamment que la Commission puisse gérer de manière autonome son recrutement et que les nouvelles réglementations soient accompagnées des moyens nécessaires à leur application.
La Commission des Jeux de Hasard se trouve à un tournant. Si elle ne dispose pas rapidement des moyens nécessaires pour remplir ses missions, elle risque de perdre toute crédibilité. Les pouvoirs publics doivent prendre conscience de l’urgence de la situation et agir sans délai.