Clap de fin pour les jeux télévisés interactifs : la CJH veut tourner la page
Depuis deux décennies, les jeux télévisés interactifs ont captivé les téléspectateurs en Belgique. Mais aujourd’hui, la Commission des jeux de hasard (CJH) remet en question leur pertinence et propose leur interdiction pure et simple. Une décision qui pourrait marquer la fin d’une époque pour ces programmes largement basés sur la participation des spectateurs via appels surtaxés et SMS.
Jeux sous surveillance depuis 2010
En Belgique, les jeux télévisés relèvent depuis 2010 de la loi sur les jeux de hasard, exigeant une licence d’exploitation délivrée par la CJH. Ces jeux, souvent présentés sous forme de quiz, comportent des éléments de hasard clairs : le coût de participation (appel ou SMS surtaxé), la sélection aléatoire des participants, et la perte de l’enjeu en cas d’échec. Malgré des réglementations successives, la CJH estime aujourd’hui que ces programmes sont devenus désuets et peu pertinents dans le contexte actuel.
Comme le souligne le rapport de la CJH, la dernière licence G1 dédiée à ce type de jeu a été arrêtée en novembre 2022. Plus aucune licence G1 n’est actuellement active, il est donc temps de tourner la page.
Une popularité en chute libre
Autrefois stars du petit écran, ces jeux télévisés ont perdu leur attrait. Si les chaînes flamandes telles que VTM et 2BE avaient déjà arrêté leur diffusion en 2010, et les avaient rendus totalement interdits en 2012, ces programmes ont continué d’exister sur certaines chaînes francophones. Toutefois, l’engouement n’est plus au rendez-vous. Le nombre de participants a chuté drastiquement, tandis que le coût administratif pour la CJH reste disproportionné.
«Le travail demandé pour contrôler ces jeux n’est plus justifié par le nombre de joueurs. Cela n’a plus de sens de maintenir ce système», indique la Commission dans son avis officiel.
Vers une suppression définitive ?
La CJH propose donc une mesure radicale : retirer les jeux télévisés interactifs du champ d’application de la loi sur les jeux de hasard. Concrètement, cela signifierait leur interdiction pure et simple. Selon la Commission, cette législation, instaurée il y a plus de 10 ans, est devenue obsolète face aux réalités d’aujourd’hui.
La proposition de la CJH ne concerne pas uniquement les jeux télévisés. Les autres jeux médias — concours radiophoniques, mots croisés dans les journaux, etc. — font également l’objet d’un avis. Contrairement aux jeux télévisés, ces formats sont considérés comme non dangereux, car ils ne représentent qu’un élément accessoire des programmes. La Commission suggère donc de les maintenir sans licence, à condition de respecter certaines règles, et de les traiter au même titre que les jeux à faible enjeu tels que les jeux de cartes ou ceux des lunaparks.
Et demain ?
Le débat est lancé : les jeux télévisés interactifs ont-ils encore leur place à l’ère du numérique et des plateformes interactives gratuites ? La CJH, en tout cas, semble trancher la question.
«Il est temps d’avancer et de s’adapter à la réalité actuelle des médias.»
La balle est désormais dans le camp du législateur. Si la suppression des licences pour les jeux télévisés est actée, cela signera la fin définitive de ces programmes en Belgique. Mais pour les autres jeux médias, un cadre plus souple semble se dessiner.