Comment les jeux d’argent conduisent les jeunes Brésiliens à s’endetter
Lors d’un discours aux Nations unies, le président Lula a condamné l’industrie des jeux d’argent. Il a qualifié le jeu de «désastre» qui touche principalement les Brésiliens les plus pauvres. De nombreuses personnes s’endettent lourdement pour financer leur addiction au jeu. Le message de Lula était clair : il faut que cela cesse. Son ministre des finances, Fernando Haddad, a ensuite abondé dans son sens. Il a même qualifié la situation d’«épidémie».
Cela peut sembler exagéré, mais les chiffres ne mentent pas. En août, 20 % des fonds de la sécurité sociale ont été utilisés pour des jeux d’argent en ligne. En d’autres termes, l’argent destiné à l’épicerie ou au loyer va directement aux sites de jeux d’argent. Il n’est donc pas étonnant que le gouvernement s’inquiète.
Pourquoi les jeux d’argent sont-ils si tentants pour les Brésiliens pauvres ?
Le Brésil compte un grand nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Pour eux, la promesse d’un gros gain ressemble à un rêve devenu réalité. De nombreux joueurs font tout ce qu’ils peuvent pour devenir riches grâce à leur club de football préféré ou à un tour de roulette. Mais ce rêve se transforme souvent en cauchemar.
C’est le cas de Beatriz Azevedo dos Santos, une jeune fille de 19 ans originaire de Recife. Elle a commencé par faire de petits paris sur un jeu appelé Crash. Au début, cela semblait innocent. Elle gagnait un peu, perdait un peu et pensait avoir compris. Mais les enjeux n’ont cessé de croître. En un rien de temps, elle s’est retrouvée avec une dette de 7 000 reais. Son scooter a été volé, elle a perdu son emploi et tout l’argent qu’elle possédait a disparu dans des dettes de jeu.
«Je pensais que la victoire ne dépendait que de moi,» dit-elle aujourd’hui. «Aujourd’hui, je vois que ce n’était qu’une illusion.»
Les réseaux sociaux et les influenceurs rendent les jeux d’argent populaires
Si vous êtes sur les médias sociaux au Brésil, vous ne pouvez pas éviter les publicités pour les jeux d’argent. Des influenceurs bien connus montrent à quel point il est facile de gagner. Voitures de luxe, maisons coûteuses et vie insouciante : tout cela semble à portée de main. Et oui, cela fonctionne. Les jeunes croient au battage publicitaire et deviennent dépendants avant même de s’en rendre compte.
Des marques comme Betano et Blaze sponsorisent même des équipes de football et veillent à ce que leur nom apparaisse partout. À la télévision, à la radio et sur l’internet, on entend des jingles accrocheurs qui font la promotion des jeux d’argent. On a l’impression que tout le monde s’enrichit grâce à eux. Mais en réalité, ce sont surtout les sociétés de jeu qui gagnent.
Les taux d’intérêt élevés aggravent les problèmes
De nombreux joueurs n’ont pas d’économies et empruntent donc de l’argent pour jouer. Au Brésil, c’est très facile. En quelques clics, il est possible d’obtenir des prêts via des applications et des cartes de crédit. Mais ces prêts sont assortis de taux d’intérêt pouvant atteindre 438 % par an. Cela signifie que votre dette augmente rapidement, surtout si vous ne pouvez pas la rembourser.
Le président de la banque centrale, Roberto Campos Neto, a prévenu en septembre que la situation était « très préoccupante ». Selon lui, ce sont surtout les Brésiliens les plus pauvres qui souffrent de l’endettement. De nombreuses personnes sont prises dans un enchevêtrement de prêts et de dettes de jeu auxquels elles ne peuvent plus échapper.
Le gouvernement intervient, mais est-ce suffisant ?
Le gouvernement brésilien tente de maîtriser la crise du jeu. À partir de janvier, les sociétés de jeux d’argent devront se conformer à des règles strictes. Par exemple, elles devront surveiller le comportement des joueurs et émettre des avertissements en cas de jeu excessif. Le gouvernement envisage également d’interdire les cartes de crédit pour les jeux d’argent.
On peut toutefois se demander si cela suffira. De nombreuses personnes, comme dos Santos, ont perdu toutes leurs économies, voire plus. Ils sont coincés avec des dettes qu’ils ne peuvent pas rembourser. Pour eux, l’aide arrive trop tard.
«Je pensais que les jeux d’argent allaient améliorer ma vie,» explique M. dos Santos. «Mais je sais maintenant qu’ils m’ont tout coûté.»