D66 exige l’arrêt de la hausse de la taxe sur les jeux
Alors que le Parlement s’apprête à examiner en détail le prochain projet de loi fiscale attendu pour 2026, une mesure suscite déjà de vifs débats : la forte hausse prévue de l’impôt appliqué aux jeux d’argent. Le parti centriste D66 réclame son gel immédiat, estimant que cette augmentation pourrait être contre-productive, coûteuse et dangereuse pour les joueurs.
D66 tire la sonnette d’alarme
Lors de la première journée de discussions, le député Henk-Jan Oosterhuis, figure de D66, a demandé au gouvernement de renoncer pour l’instant à l’augmentation de l’impôt sur les jeux, censé atteindre 37,8 % dès le 1ᵉʳ janvier 2026. Il estime que les données actuellement disponibles ne justifient en rien une telle progression.
Selon lui, la précédente hausse, qui devait générer des revenus fiscaux nettement plus élevés, n’a pas produit les résultats annoncés : les recettes supplémentaires attendues ne se sont jamais matérialisées. Il rappelle également qu’un impôt trop lourd pousse les joueurs vers des plateformes illégales, où aucune règle de sécurité n’est appliquée.
Plusieurs élus partagent cette inquiétude. Le député Pieter Grinwis, par exemple, rappelle qu’un impôt peut devenir contre-productif dès lors qu’il dépasse un point d’équilibre : trop le relever ferait chuter les recettes au lieu de les augmenter.
Autrement dit : taxer davantage ne garantit pas de gagner davantage.
Oosterhuis renchérit : avant d’imposer une nouvelle hausse, il faut analyser précisément l’impact réel de la précédente. Pour lui, il n’est plus raisonnable de prendre des décisions sans données fiables ni évaluation indépendante.
Les opérateurs légaux s’unissent
Les entreprises du secteur du jeu, les casinos physiques, les plateformes agréées, ainsi que les loteries officielles ont publié un document commun pour demander, elles aussi, la suspension de la hausse.
Elles avancent plusieurs arguments :
- Les recettes issues de l’impôt ont été nettement inférieures aux prévisions, avec un déficit estimé à 263 millions d’euros pour l’année en cours.
- Un rapport de l’autorité de régulation souligne qu’un taux trop élevé risque de réduire les revenus globaux et d’affaiblir l’offre légale.
- La Cour des comptes reproche aux autorités fiscales de ne pas mesurer l’efficacité de ces hausses répétées.
Selon ces acteurs, un impôt excessif encouragerait les joueurs à se tourner vers les sites illégaux, impossibles à contrôler et totalement dépourvus de dispositifs de prévention des addictions.
Oosterhuis: “En ce qui concerne la taxe sur les jeux de hasard, je crains un peu que cela ne conduise à un transfert vers le circuit illégal, ce qui n’entraînerait pas une diminution des paris, mais une diminution de la surveillance et des recettes fiscales. Je pense alors que nous nous éloignerions tous de l’objectif visé par la politique.”
La demande de D66 de geler la hausse de l’impôt sur les jeux met en lumière une question cruciale : la fiscalité peut-elle, à elle seule, encadrer un secteur aussi sensible ? La décision finale pourrait redessiner durablement l’industrie du jeu, mais aussi la stratégie nationale en matière de prévention, de financement et de régulation.

