L’expert David Ketteridge révèle ce que ressent un accro au jeu

David Ketteridge, fondateur de Reset, une clinique spécialisée dans les addictions à Anvers, partage ses réflexions sur l’addiction au jeu et son impact sur les personnes et leur environnement. «J’ai moi-même été accro à la drogue et à l’alcool pendant 10 ans», explique-t-il aux rédacteurs de Gambling Club.

«Cette expérience m’a amené à aider les autres.» En tant qu’ancien toxicomane et spécialiste, il a une perspective unique sur la façon dont les addictions se développent et sur la meilleure façon de les combattre.

David est aujourd’hui marié et heureux, a deux enfants et aide les gens à reconstruire leur vie au quotidien. Son organisation Reset se concentre sur le soutien et le traitement de divers types d’addictions, dont le jeu.

Ce que signifie réellement l’addiction au jeu pour les gens

L’addiction au jeu va au-delà des simples problèmes financiers, explique David. Elle affecte tous les aspects de la vie d’une personne. «Cela commence souvent par une forte envie de jouer, même si vous savez que c’est nocif», explique-t-il. Cette envie conduit à une perte de contrôle et à l’ignorance des conséquences négatives, telles que l’endettement ou les problèmes relationnels. Il souligne également le besoin d’évasion que connaissent de nombreux joueurs. 

«Le jeu devient un moyen d’échapper au stress ou aux émotions désagréables telles que la douleur, la tristesse, etc. Cela ressemble à une solution, mais cela crée en fait plus de problèmes.»

L’impact sur la vie quotidienne est important. Les personnes atteintes d’une dépendance au jeu perdent souvent des biens de valeur, s’isolent socialement et subissent un lourd fardeau psychologique. «Ils se sentent souvent honteux et se replient sur eux-mêmes.», explique David. «Les relations en souffrent énormément, ce qui rend le processus de guérison encore plus difficile.»

Comment se développe la dépendance et quels sont les principaux facteurs de risque ?

David souligne que les causes de la dépendance au jeu sont complexes. 

«C’est une combinaison de facteurs génétiques, émotionnels et sociaux.»

Certaines personnes ont une prédisposition génétique, ce qui les rend plus susceptibles de devenir dépendantes. D’autres deviennent dépendantes en raison d’une vulnérabilité émotionnelle, comme le stress, la solitude ou la dépression.

En outre, l’environnement joue un rôle majeur. L’acceptation sociale et le stress financier augmentent ce risque. 

«Si vous grandissez dans un environnement où le jeu est normal, ou si vous avez facilement accès aux plateformes en ligne, vous êtes plus susceptible de commencer.» 

La situation en Belgique

• 50 % des hommes entre 18 et 21 ans jouaient déjà sur des sites de jeux illégaux avant l’interdiction.
• 29 % des hommes entre 18 et 21 ans citent un site de jeux illégaux comme première marque lorsqu’ils jouent en ligne.
• 4 % de la population générale de joueurs mentionne un site de jeux illégaux comme première marque.
• 59 % des jeunes hommes entre 18 et 21 ans ont mentionné plusieurs marques illégales lorsqu’on leur a posé des questions supplémentaires.
• 85 % des jeunes entre 18 et 21 ans reconnaissent un site de jeux illégaux en consultant une liste de marques.
• 15 % des jeunes reconnaissent un opérateur agréé en consultant une liste de marques.
• 31 % des jeunes sur les sites de jeux illégaux y sont arrivés via les réseaux sociaux.
• 26 % des jeunes sur les sites de jeux illégaux y sont arrivés via le parrainage sportif.

Comment la famille et les amis peuvent reconnaître une dépendance au jeu

«Il est souvent difficile de repérer une dépendance au jeu, car les gens essaient de cacher leur comportement.» explique David. Cependant, certains signes peuvent aider. Les problèmes financiers, les sautes d’humeur et l’isolement social sont des signes courants.

David conseille à la famille et aux amis d’ouvrir la conversation. 

«Parlez-leur, sans jugement, et proposez-leur du soutien. Il est parfois nécessaire de demander l’aide d’un professionnel. Des organisations comme Reset peuvent être d’une grande aide.»

Traitement de la dépendance au jeu chez Reset

Reset suit un processus de traitement structuré, adapté aux défis uniques de la dépendance au jeu. «La dépendance au jeu n’est souvent pas une question de sevrage physique, mais de comportement et de cognition.» explique David.

Le traitement commence par un entretien qui inclut l’impact financier. Ensuite, on travaille sur le changement de comportement et les stratégies d’adaptation alternatives. 

«Nous apprenons aux gens à éviter les déclencheurs, comme l’accès aux sites de jeu. Nous travaillons également sur un plan de rétablissement financier, qui est propre à la dépendance au jeu.»

David note que le cœur de l’approche est toujours de comprendre la personne. 

«Il s’agit de ses objectifs et du soutien dont elle a besoin pour un rétablissement durable.»