Fin du monopole des casinos en ligne en Autriche ?
L’Autriche pourrait-elle enfin se débarrasser de son monopole sur les jeux de casino en ligne ? Après des décennies de régulation stricte et de résistance aux réformes, des signaux forts émergent concernant l’ouverture du marché. Les autorités envisagent sérieusement de réguler le secteur, marquant ainsi un tournant pour les opérateurs et les joueurs. Si cette réforme se concrétise, l’Autriche suivrait le modèle de nombreux autres pays d’Europe qui ont déjà opté pour une régulation multi-licences.
La fin du monopole ?
Depuis 2012, l’Autriche fonctionne sous un système de monopole, avec Casinos Austria comme seul opérateur autorisé à proposer des jeux de casino en ligne. Cependant, l’expiration de la licence de ce dernier en 2027 pourrait bien marquer la fin d’une époque. Selon les experts, 2025 représente une fenêtre d’opportunité pour briser ce monopole et ouvrir le marché à plusieurs opérateurs privés.
Le sort de cette réforme repose sur la formation du nouveau gouvernement autrichien. Après l’échec des négociations entre le Parti social-démocrate (SPÖ) et les Libéraux (NEOS), le Parti populaire (ÖVP) et la droite populiste (FPÖ) sont actuellement en pourparlers pour former une coalition. Dr Arthur Stadler, avocat à Vienne, souligne :
« Ce qui est clair, c’est que tout gouvernement autrichien aura désespérément besoin d’argent pour le budget – et un régime de licences [de jeu] plus large pourrait générer des revenus supplémentaires pour l’État. »
Simon Priglinger-Simader, vice-président de l’Association autrichienne des paris et des jeux (OVWG), se montre particulièrement optimiste. Il explique :
« Nous traversons actuellement une période très intéressante, car c’est la première fois depuis cinq ans ou plus que les politiciens sont ouverts à nous parler et envisagent une réforme et un abandon du système de monopole. »
Les discussions actuelles ouvrent la voie à une libéralisation tant attendue.
Les arguments en faveur de la libéralisation
Les défenseurs de la libéralisation du marché du jeu en ligne mettent en avant plusieurs arguments. Tout d’abord, ils soulignent que le système actuel empêche une concurrence saine et laisse une place importante aux marchés noirs et gris.
Le monopole d’État sur les jeux d’argent en Autriche a contribué à l’émergence d’un marché noir florissant. En limitant l’accès à des opérateurs légaux, le système actuel a poussé de nombreux joueurs vers des sites non régulés, souvent peu fiables et peu sûrs. Cette situation prive l’État de recettes fiscales potentielles et expose les consommateurs à des risques accrus, notamment en matière de sécurité des transactions et de protection des données personnelles. La libéralisation du marché pourrait ainsi permettre de réduire cette activité illégale et d’améliorer la régulation.
Simon Priglinger-Simader précise :
« Le monopole détient une part de marché de seulement 30%, ce qui démontre qu’il ne fonctionne plus. »
D’autre part, des exemples comme celui du Danemark montrent que la régulation multi-licences génère non seulement des revenus fiscaux importants mais offre aussi une meilleure protection aux joueurs. L’Autriche pourrait-elle donc enfin imiter ses voisins européens en adoptant un modèle plus libéral et plus compétitif ?
Un marché en mutation
Bien que les perspectives d’une réforme semblent prometteuses, plusieurs obstacles demeurent. Le processus de délivrance des nouvelles licences est critiqué pour son caractère discriminatoire. En 2012, le ministère des Finances a attribué une licence exclusive à Casinos Austria dans le cadre d’une procédure jugée trop restrictive et favorable à un seul acteur. Selon Arthur Stadler, ce système a été créé “sur mesure” pour un opérateur unique, ce qui a suscité des accusations de conflit d’intérêt, car l’État détient une part de 33,3% de Casinos Austria.
L’Autriche suit le modèle d’autres pays européens
L’Autriche n’est pas le premier pays européen à libéraliser son marché des jeux d’argent. Les réformes déjà entamées par plusieurs autres pays visent à offrir une plus grande concurrence, à générer des revenus fiscaux supplémentaires et à mieux protéger les joueurs.
En Suède, la loi de 2019 a permis l’ouverture du marché aux opérateurs privés tout en maintenant des régulations strictes pour encadrer les pratiques. La Finlande, quant à elle, a lancé des discussions pour moderniser son approche et diversifier ses offres, avec l’ouverture de leur marché prévue en 2026. En Norvège, le parti conservateur veut mettre fin au monopole d’État des jeux d’argent d’ici 2028.