La Ksa étudie les comportements de jeu à risque
La Kansspelautoriteit (Ksa), l’autorité néerlandaise de régulation des jeux de hasard, a récemment publié les résultats d’une étude détaillée sur les marqueurs de comportement de jeu à risque. Cette analyse repose sur des données pseudonymisées collectées dans les coffres-forts numériques (CDB) des opérateurs agréés, un dispositif mis en place suite à la régulation des jeux en ligne en 2021.
Traditionnellement, les problèmes liés à l’addiction au jeu étaient principalement associés à des pertes financières importantes. Cependant, la Ksa met en évidence que d’autres indicateurs, tels que la fréquence de jeu, les changements soudains dans les habitudes ou les dépôts répétitifs, jouent également un rôle crucial.
«Les comportements à risque ne se limitent pas à des pertes extrêmes. Ils incluent des signaux plus subtils, comme le jeu à des heures tardives ou l’utilisation fréquente de plusieurs produits de jeu.»
Analyse approfondie des données
Depuis la régulation du jeu en ligne aux Pays-Bas en 2021, les opérateurs agréés sont tenus de stocker les données des joueurs dans des coffres-forts numériques (CDB). Ces bases contiennent des informations cruciales, notamment les dépôts, retraits, types de jeux, ainsi que les interventions menées pour limiter les comportements à risque.
Les données exploitées couvrent une période d’un an et incluent des informations détaillées sur les transactions, le type de jeux pratiqués et les interventions des opérateurs. En se basant sur ces nombreuses informations, la Ksa a identifié cinq catégories clés d’indicateurs :
- Intensité du jeu : Mesurée par le nombre de jours joués et les montants engagés.
- Perte de contrôle : Mise en évidence par des dépôts fréquents ou une augmentation des limites de jeu.
- Augmentation du jeu : Changements progressifs ou soudains dans les habitudes.
- Type de jeux : Certains jeux, comme les machines à sous, présentent des risques plus élevés.
- Comportement des opérateurs : Inclut les interventions en cas de comportements à risque.
L’étude s’est appuyée sur des méthodes innovantes, notamment des ateliers menés avec des experts comme Prof. Dr Tony Schellinck et Tracy Schrans. Ces ateliers ont permis d’identifier que les comportements à risque diffèrent selon les sous-groupes, par exemple entre les joueurs ayant des budgets limités et les gros parieurs. Un point important a été de se concentrer sur les marqueurs de risque plutôt que sur les marqueurs de dommages. Cela permet de faire de la prévention et d’intervenir avant l’apparition de problèmes graves.
Résultats révélateurs
L’étude a révélé que le jeu nocturne est un indicateur majeur de comportement à risque. Les données montrent que les jeux de casino sont plus fréquents la nuit que les paris sportifs. Cependant, les paris sportifs nocturnes, bien que rares, s’ils deviennent la norme pour un joueur, pourraient représenter un indicateur encore plus fort.
Un autre enseignement clé concerne la répartition des pertes : seulement 1 % des comptes enregistrés présentent des pertes supérieures à 2 500 euros par mois, mais ces joueurs génèrent 43 % des revenus bruts des opérateurs. De plus, les jeunes adultes (18-23 ans) perdent en moyenne moins que les joueurs plus âgés, mais une petite proportion de cette tranche d’âge représente une part significative des revenus des opérateurs.
Vers une meilleure supervision
La Ksa entend utiliser ces résultats pour comparer les pratiques des opérateurs et évaluer l’efficacité de leurs interventions. Par exemple, la durée moyenne avant une intervention ou le montant total perdu avant une action sont des indicateurs clés à analyser. Une attention particulière est accordée aux différences de reporting entre opérateurs, certaines entreprises enregistrant des interventions de faible niveau tandis que d’autres ne rapportent que des actions majeures.
Avec cet outil d’analyse, la Ksa souhaite non seulement améliorer la régulation des jeux en ligne mais aussi encourager les meilleures pratiques. Les données pourraient également servir à établir des normes internationales et inspirer d’autres régulateurs. En complétant ces analyses par des indicateurs supplémentaires, comme les scores PGSI, la Ksa pourrait affiner ses méthodes pour une prévention toujours plus efficace.
Enfin, la possibilité de suivre les joueurs sur plusieurs opérateurs est un axe de développement prometteur. Actuellement, les données ne permettent qu’un suivi au sein d’un même opérateur, mais une analyse inter-opérateurs fournirait des informations précieuses pour mieux comprendre les comportements à risque et affiner les stratégies d’intervention.