L’ex-pDG de GVC inculpé : fraude et corruption en Turquie
Le 28 août, le Crown Prosecution Service (CPS) révèle avoir inculpé Kenny Alexander, ancien PDG du groupe GVC Holdings (Entain), pour conspiration en vue de frauder et de verser des pots-de-vin. Ces actes lui sont reprochés, ainsi qu’à dix autres personnes, pour leur rôle présumé entre 2011 et 2018 dans la fourniture de services de jeux en Turquie. L’enquête complexe, pilotée par HM Revenue & Customs (HMRC), visait à identifier des comportements frauduleux et une corruption systématique au sein de l’ancien réseau turc de GVC.
Une hiérarchie entière visée
Parmi les inculpés figurent des figures marquantes de l’entreprise : Lee Feldman, ex-président de GVC, ainsi que Richard Cooper, ancien directeur financier, et Robert Hoskin, ancien directeur juridique. Tous, sauf Hoskin, sont accusés de conspiration en vue de frauder et de corrompre ; Hoskin, lui, fait face à une accusation distincte, celle de subornation de la justice.
D’autres dirigeants, externes à Entain, sont aussi poursuivis : James Humberstone, Richard Raubitschek-Smith, Alexander MacAngus, Robert Dowling, Raymond Smart, Caroline Patricia Roe, et Scott Masterton, ce dernier confronté à des accusations supplémentaires telles que fraude fiscale, trading frauduleux ou encore le fait d’avoir exercé en tant que directeur alors qu’il était insolvable.
Un contexte ancien désormais criminel : l’histoire turque
Le cœur de l’affaire remonte à 2011-2017, lorsque GVC exploitait en Turquie une filiale de jeu en ligne. Cette activité fut vendue en 2017, mais HMRC suspecte que des pratiques illégales y ont perduré, justifiant ainsi le lancement de l’enquête.
En novembre 2023, Entain a conclu un accord de poursuites différées (DPA) avec le CPS, comprenant une amende de 585 millions de livres, un don de 20 millions à des œuvres caritatives, et 10 millions pour les frais du CPS et de HMRC, couvrant les activités passées de GVC liées à la Turquie. Cet accord ne concernait que la société, pas les anciens cadres mis en cause.
L’affaire n’a pas émergé du jour au lendemain. HMRC avait commencé à enquêter dès 2019, après des soupçons autour de transactions financières douteuses. En 2020, l’affaire s’est élargie à l’ensemble des structures passées de GVC, passant d’une enquête ciblée sur des prestataires externes à une investigation contre la holding elle-même.
Entain aujourd’hui : ni coupable, ni cadre concerné
Il est rare qu’un ancien PDG d’un groupe coté au FTSE 100 soit visé par des accusations criminelles d’une telle ampleur. En 2017, John Varley, ex-patron de Barclays, avait été inculpé puis acquitté. Le cas de Kenny Alexander marque donc une impressionnante montée en intensité des contrôles juridiques sur les hauts dirigeants des grandes entreprises britanniques.
Entain, l’entreprise actuelle issue du rebranding de GVC, se défend de toute implication. Elle n’a pas été inculpée et souligne qu’aucun des inculpés n’est un employé actuel. Depuis l’accord de 2023, elle affirme avoir renforcé ses politiques anti-corruption et ses mécanismes de conformité, se dissociant clairement de l’ancienne direction et de ses méthodes.
Prochain épisode
Tous les inculpés devront comparaître devant le Westminster Magistrates’ Court le 6 octobre 2025. Ce sera la première audience formelle dans ce dossier à forte gravité pénale.