La CJUE rappelle la Commission européenne à l’ordre : L’enquête sur le monopole néerlandais des jeux d’argent doit être réexaminée
La Cour européenne de justice a jugé que la Commission européenne n’avait pas rempli ses fonctions de manière optimale dans une affaire de longue date concernant le monopole néerlandais des jeux d’argent. Elle a donc décidé que la Commission européenne devait réexaminer son enquête.
Quel est l’objectif principal de cette enquête ?
La Commission européenne doit réexaminer si les Pays-Bas ont injustement favorisé certaines entreprises en 2014 en prolongeant simplement leurs droits exclusifs sur les jeux de hasard. Il s’agit de Holland Casino, Lotto et Staatsloterij, qui ont occupé une position fermée sur le marché pendant des années.
L’EGBA demande une nouvelle enquête
La Cour de justice de l’Union européenne a statué en faveur de l’EGBA en appel contre le refus de la Commission européenne de lancer une enquête ciblée sur les aides d’État dans l’octroi de licences de loterie aux Pays-Bas.
EGBA est l’acronyme de European Gaming and Betting Association (Association européenne des jeux et paris). Elle compte parmi ses membres Unibet, Bwin et Bet365, et plaide depuis des années en faveur d’un accès équitable au marché néerlandais. Jetons donc un coup d’œil sur son histoire.
Existence de permis gouvernementaux exclusifs
Jusqu’en 2021, les jeux d’argent en ligne étaient interdits aux Pays-Bas, et les jeux d’argent terrestres étaient également strictement contrôlés. Seules quelques entreprises ont reçu des licences gouvernementales exclusives pour exploiter des jeux de hasard.
- Holland Casino détient le monopole des casinos physiques.
- Lotto (Loterie néerlandaise) a obtenu les droits exclusifs sur les loteries et les paris sportifs (Toto).
- Staatsloterij (la loterie d’État néerlandaise) détient le monopole de la loterie du même nom.
- Les loteries soutenant des œuvres de bienfaisance, comme la célèbre Postcode Loterij, disposaient également de licences fixes sans concurrence.
D’autres partis n’ont même pas eu la possibilité de participer, mais ont été automatiquement mis à l’écart. Les partis étrangers opérant légalement ailleurs en Europe ont également été complètement ignorés.
Retour sur la situation en 2014
Comment ont-ils procédé en 2014 ? Les Pays-Bas ont ensuite décidé de renouveler automatiquement ces permis sans appel d’offres public et sans même donner une chance aux autres parties.
L’EGBA a interprété cette décision comme une aide d’État, permettant à quelques entreprises sélectionnées de bénéficier d’un avantage économique majeur.
Or, selon la réglementation européenne, un tel avantage doit être soigneusement évalué. La Commission européenne n’a mené qu’une brève enquête et a conclu qu’il n’y avait pas de problème. En d’autres termes : Fin de l’histoire.
La Cour de justice de l’Union Européenne réprimande la Commission européenne
Des années plus tard, la Cour de justice de l’Union Européenne a conclu que la Commission européenne avait failli à sa mission. Elle a affirmé qu’elle aurait dû évaluer soigneusement si l’extension de ces droits exclusifs aux fournisseurs néerlandais aurait pu constituer une aide d’État illégale.
Par conséquent, la Commission est invitée à examiner ce monopole de manière plus approfondie, en accordant une attention particulière aux points suivants :
- Dans quelle mesure les parties en question ont-elles bénéficié d’avantages économiques grâce au monopole qu’elles ont acquis ?
- N’y a-t-il pas là une violation des règles européennes en matière de libre marché et d’aides d’État ?
- D’autres acteurs sont-ils injustement exclus en ne leur donnant même pas une chance ? Par exemple, les membres de l’European Gaming and Betting Association (EGBA).
Personne ne prétend que les Pays-Bas sont fautifs, mais ils affirment que la procédure suivie était défectueuse, et même très défectueuse. Les attentes n’ont tout simplement pas été satisfaites.
Quelles pourraient être les conséquences d’une nouvelle enquête ?
Cette décision pourrait avoir des conséquences majeures à long terme s’il s’avère qu’il y a effectivement eu des aides d’État obtenues illégalement.
- La Commission européenne peut obliger les Pays-Bas à annuler ou à récupérer les avantages.
- D’autres entreprises peuvent préparer des réclamations et l’ancienne politique en matière de jeux sera évaluée de manière critique.
Cela concerne également la position dominante de la Loterie néerlandaise, qui est restée un acteur dominant après la fusion du Lotto avec la Loterie d’État, même après l’introduction de la loi KOA le 1er octobre 2021.
Pourquoi l’EGBA ne veut pas lâcher le morceau
L’EGBA représente les sociétés de jeu étrangères qui ont été interdites sur le marché néerlandais pendant des années. Ces sociétés opéraient en ligne dans de nombreux pays européens, mais le marché néerlandais leur restait fermé.
L’EGBA a maintenant l’occasion de faire pression sur Bruxelles et La Haye pour rendre le marché plus équitable et obtenir des éclaircissements sur les procédures suivies.
EGBA :
“La Commission doit toujours garantir une enquête approfondie, en particulier lorsqu’il s’agit de monopoles nationaux qui restreignent la concurrence.”
Pour souligner ce que cette question ne signifie pas
Cette décision ne concerne pas les plaintes contre des casinos illégaux comme Unibet ou PokerStars. Elle se concentre sur les anciennes structures monopolistiques antérieures à 2021. En outre, aucune décision n’a encore été prise quant à une éventuelle responsabilité ou indemnisation.
Concrètement, il s’agit en fait d’un simple blâme adressé à la Commission européenne.
Que doit-il se passer maintenant ?
La Commission européenne doit maintenant mener une enquête approfondie, l’EGBA et d’autres parties surveillant de près la situation.
Les parties qui ont obtenu un monopole et d’autres régulateurs néerlandais suivent de près la situation. Si une aide d’État est établie, il est possible qu’elle ait des conséquences juridiques.