Aide au jeu : les chiffres qui font peur
Le Royaume-Uni fait face à une hausse préoccupante des problèmes liés au jeu. Selon un récent rapport de GambleAware, de plus en plus de personnes sollicitent une aide spécialisée, révélant à la fois une meilleure sensibilisation et une aggravation réelle des dommages. Derrière les chiffres, ce sont des familles entières qui se trouvent touchées, tandis que la pression monte pour renforcer les régulations.
Une prise de conscience qui monte
En 2024, le Royaume-Uni observe une montée significative du nombre d’adultes touchés par les problèmes liés au jeu, selon le Annual Treatment and Support Survey de GambleAware. Près de 3,8 % de la population adulte est aujourd’hui identifiée comme subissant des dommages sérieux liés au jeu, contre 2,4 % il y a quatre ans. L’augmentation s’explique en partie par une plus grande conscience des services d’aide – mais aussi par l’élargissement réel du préjudice.
Presque 30 % des personnes qui jouent ont recherché une forme d’aide, une proportion qui était à environ 17 % en 2020. La différence est nette. S’il y a plus de personnes qui tendent la main, c’est que le mal, lui, ne recule pas.
Les dommages ne se limitent pas au joueur
La peur ne se limite plus aux seuls joueurs. Le rapport signale qu’environ 8 % des adultes britanniques, soit environ 4,3 millions, ont été affectés par les comportements de jeu d’un proche comme un parent ou un ami. En outre, près de 2 millions d’enfants vivent dans un foyer où un adulte subit des conséquences du jeu.
Ces chiffres montrent que les effets se diffusent bien au-delà du joueur : stress familial, relations brisées, pression financière. Le jeu problématique touche tout l’entourage, parfois silencieusement.
Publicité, tirages de prix : des terrains de risque
Autre constat alarmant : l’opinion publique britannique réclame des mesures plus strictes contre la promotion du jeu. 91 % des adultes veulent bannir les publicités de jeux de hasard à la télévision ou dans les jeux vidéo, 90 % souhaitent voir un interdit sur les réseaux sociaux. Ces voix veulent protéger particulièrement les jeunes, trop souvent exposés.
On apprend aussi qu’un certain type d’activités, les tirages au sort (concours-caritatifs etc.), présente des risques. Bien qu’ils ne soient pas officiellement considérés comme jeu de hasard réglementé, plusieurs ressemblances sont pointées : chance, espérance de gain, marketing attractif. Parmi les personnes déjà en danger vis-à-vis du jeu, 27 % participent à ce type de tirage ; parmi tous les joueurs, 11 % déclarent avoir subi un dommage lié à ces activités.
Ce que disent les responsables : urgence et recommandations
Zoë Osmond, directrice de GambleAware, prévient que l’addiction au jeu endomage les finances, les relations, la vie familiale. Elle se félicite que plus de personnes cherchent de l’aide, mais insiste : cela ne suffit pas tant que le préjudice global croît.
Parmi ses propositions : renforcer les contrôles sur la publicité, les promotions, les parrainages liés aux jeux de hasard. Par exemple, retirer les promotions de jeu des stades sportifs afin de protéger les jeunes supporters vulnérables. Assainir les espaces médiatiques et publicitaires est présenté comme une mesure essentielle.
L’histoire que racontent les chiffres de 2024 au Royaume-Uni est celle d’une double urgence. D’un côté, une progression tangible des aides sollicitées, révélant une prise de conscience, un sentiment que le silence ne suffit plus. De l’autre, une aggravation des dommages, une diffusion du problème dans les foyers, auprès des plus jeunes, sous des formes moins visibles mais tout aussi destructrices.