L’Autorité française des jeux d’argent veut limiter les budgets promotionnels, comment ça se passe en Belgique ?
L’Autorité nationale des jeux (ANJ) a appelé les principaux opérateurs de jeux à revoir leurs budgets promotionnels pour 2025. La raison ? Une augmentation de 11 % des dépenses promotionnelles totales est prévue, ce qui pourrait accroître le risque d’addiction au jeu et d’atteinte des mineurs.
Mais en quoi cette approche diffère-t-elle de la situation belge, et que pouvons-nous en apprendre ?
Que se passe-t-il en France ?
Un encadrement strict des budgets promotionnels
En France, tous les titulaires de licence doivent soumettre leurs plans promotionnels à l’ANJ pour approbation préalable. Pour 2025, cela représente un total de dépenses promotionnelles de 695 millions d’euros, marketing et bonus compris. Cela montre :
- 58,5 % du budget est consacré aux bonus pour les joueurs.
- Les dépenses marketing augmentent de 12 %, les médias numériques et le sponsoring sportif occupant une part importante.
L’ANJ a explicitement demandé aux quatre plus grands opérateurs de jeux – qui représentent ensemble 85 % du budget promotionnel – de réduire leurs dépenses. Cela devrait permettre de limiter l’impact sur les groupes vulnérables, tels que les mineurs et les joueurs problématiques.
Focus sur la responsabilité
L’ANJ a fixé des exigences supplémentaires :
- Le sponsoring sportif doit être modéré pour éviter une surexposition.
- Le marketing visant les produits de jeu à haut risque d’addiction, comme les tournois de poker rapides, doit être limité.
- Les opérateurs doivent mieux surveiller les campagnes de lutte contre l’addiction au jeu et les comportements de jeu excessifs.
Le régulateur a également félicité les opérateurs pour leurs améliorations en 2024, comme la réduction des dépenses marketing et l’évitement des influenceurs orientés vers les enfants.
En quoi cela diffère-t-il de la Belgique ?
La Belgique a également des règles strictes en matière de publicité pour les jeux d’argent, mais l’approche diffère sur un certain nombre de points importants :
Interdiction de la publicité
En Belgique, presque toute la publicité pour les jeux d’argent est interdite depuis juillet 2023, y compris le sponsoring sportif. C’est beaucoup plus drastique que la mesure française, où le parrainage et la publicité sont toujours autorisés, bien que sous des conditions strictes.
Autorisations et supervision
Comme en France, les opérateurs de jeux d’argent belges doivent respecter des exigences strictes en matière d’autorisation. La Commission des jeux de hasard (KSC) supervise, mais le modèle français, dans lequel les opérateurs soumettent des budgets annuels pour approbation, n’est pas appliqué en Belgique.
Bonus
Les bonus gratuits sont interdits en Belgique depuis 2020. En France, les bonus continuent d’occuper une part importante des budgets promotionnels (58,5 %). Cette différence souligne la rigueur de la réglementation belge par rapport à la France.
Publicité numérique
En Belgique, la publicité en ligne est également largement interdite, tandis que la France voit les médias numériques occuper une part croissante (45 %) des dépenses marketing.
Que pouvons-nous apprendre ?
L’approche française offre des enseignements intéressants :
- Trouver un équilibre : Alors que la Belgique interdit presque totalement la publicité pour les jeux de hasard, la France laisse une marge de manœuvre pour une promotion responsable. Cela pourrait être plus efficace pour maintenir une offre de jeux réglementée et empêcher un glissement vers des opérateurs illégaux.
- Supervision ciblée : La soumission obligatoire de plans promotionnels comme en France pourrait également être un ajout précieux en Belgique. Cela offre un contrôle plus flexible sans interdiction totale.
- Des décisions basées sur les données : la France surveille les dépenses marketing et analyse leur effet sur les joueurs. La Belgique pourrait envisager cette approche pour mieux évaluer si des restrictions plus strictes sont nécessaires.
Bien que la Belgique et la France s’efforcent toutes deux de promouvoir le jeu responsable, leurs approches sont très différentes. Alors que la Belgique interdit pratiquement la publicité pour les jeux d’argent, la France réglemente plus strictement tout en laissant aux opérateurs une certaine liberté. Les deux systèmes ont leurs avantages, mais l’équilibre français entre réglementation et liberté offre un cas intéressant à considérer pour la Belgique.