En sanctionnant LeoVegas à hauteur de 500 000 euros, l’autorité néerlandaise des jeux de hasard rappelle que le devoir de diligence des opérateurs de jeux en ligne n’est pas une formalité administrative, mais une obligation centrale destinée à protéger les joueurs contre les dérives du jeu excessif.
Une décision qui marque un tournant dans la régulation des jeux en ligne
L’autorité néerlandaise des jeux de hasard, la Kansspelautoriteit (Ksa), a frappé fort. En décembre 2025, le régulateur a infligé une amende de 500 000 euros à l’opérateur de jeux en ligne LeoVegas, estimant que la plateforme avait gravement manqué à son devoir de diligence envers plusieurs joueurs. Cette sanction, rendue publique après une enquête approfondie, s’inscrit dans une politique de contrôle renforcé visant à protéger les joueurs contre les risques de dépendance et de pertes financières excessives.
Au cœur de cette affaire, une question fondamentale : jusqu’où un opérateur de jeux doit-il aller pour protéger ses clients ? Pour la Ksa, la réponse est claire : le devoir de diligence n’est ni optionnel ni théorique. Il impose des actions concrètes, rapides et proportionnées dès lors que des comportements de jeu problématiques apparaissent.
Des signaux d’alerte ignorés pendant des mois
L’enquête menée par la Ksa porte sur une période s’étendant de l’automne 2023 au printemps 2024. Durant ces mois, plusieurs joueurs actifs sur la plateforme LeoVegas ont présenté des signaux évidents de jeu excessif. Dépôts répétés, pertes élevées sur de courtes périodes, augmentation rapide des mises : autant d’indicateurs qui, selon la réglementation néerlandaise, doivent déclencher des interventions immédiates de la part de l’opérateur.
Dans certains cas analysés par l’autorité, les montants perdus atteignaient plusieurs dizaines de milliers d’euros en quelques semaines. Pourtant, les mesures prises par LeoVegas ont été jugées largement insuffisantes. Là où une intervention humaine approfondie aurait été attendue, l’opérateur s’est souvent contenté de messages automatiques ou d’avertissements superficiels.
La Ksa souligne notamment qu’un simple message contextuel, facilement ignoré par le joueur, ne peut en aucun cas être considéré comme une réponse adéquate face à un risque manifeste de dépendance. Le devoir de diligence exige davantage qu’un avertissement symbolique.
Le devoir de diligence, pilier du cadre légal néerlandais
Depuis la légalisation encadrée des jeux en ligne aux Pays-Bas, le devoir de diligence constitue l’un des fondements du système de régulation. Les opérateurs agréés ont l’obligation de surveiller activement le comportement de leurs clients et d’intervenir avant que les dommages ne deviennent irréversibles.
Ce devoir ne se limite pas à fournir des outils d’auto-exclusion ou des limites de dépôt. Il impose une analyse continue des données de jeu, une capacité à interpréter les signaux faibles et, surtout, une responsabilité directe dans la protection des joueurs vulnérables.
Pour la Kansspelautoriteit, cette amende de 500 000 euros n’a rien d’arbitraire. Elle se veut proportionnée à la gravité des manquements constatés et surtout dissuasive pour l’ensemble du secteur. Le président de l’autorité a rappelé que la protection des joueurs est une priorité absolue, et que les opérateurs qui ne respectent pas leurs obligations s’exposent à des sanctions sévères.
Selon la Ksa, les pertes rapides et importantes constituent l’un des signaux les plus critiques. Lorsqu’un joueur subit de telles pertes sans réaction forte de l’opérateur, le devoir de diligence est considéré comme violé. La responsabilité incombe alors pleinement à la plateforme.