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Les jeux de grattage : une banalité risquée ?

Malgré leur popularité et une image de divertissement léger, les jeux de grattage peuvent constituer une porte d’entrée vers le jeu excessif. C’est particulièrement vrai lorsqu’ils sont pratiqués à la fois en point de vente et en ligne, ou à travers des tickets à mise élevée, c’est ce que révèle une étude menée par l’Université Concordia (Montréal) à la demande de l’ANJ.

20 millions de Français ont misé près de 10,7 milliards d’euros en 2024 dans des jeux de grattage, selon les chiffres relayés par l’Autorité nationale des jeux (ANJ). Longtemps perçus comme une activité anodine, ces jeux sont aujourd’hui dans le viseur des autorités de régulation. 

La base des joueurs réguliers des jeux de grattage est très large et la pratique est banalisée. C’est la raison pour laquelle l’ANJ a demandé à la Chaire de recherche sur le jeu de l’Université Concordia de Montréal de mener une étude scientifique approfondie sur les jeux de grattage. L’objectif ? Disposer de données probantes pour mieux encadrer cette offre et renforcer les actions de prévention des risques associés.

Une étude rigoureuse

L’étude a été réalisée auprès de 5 019 joueurs actifs. Elle repose sur une méthodologie mixte combinant un sondage quantitatif et des groupes de discussion. Les chercheurs ont analysé les profils, les habitudes, les niveaux de risque, et les ressorts psychologiques des joueurs de jeu de grattage en France.

Le constat est sans appel : près d’un tiers des gratteurs présentent un risque modéré ou élevé de développer un comportement problématique. Et parmi ces joueurs à risque global, les trois quarts sont spécifiquement en difficulté avec les jeux de grattage.

Facteur aggravant

L’étude met particulièrement l’accent sur les risques accrus liés à la pratique multicanale. Les joueurs exclusivement en point de vente présentent les comportements les plus modérés. En revanche, ceux qui alternent entre physique et numérique, ou jouent principalement en ligne, affichent des dépenses plus élevées, une fréquence de jeu accrue et un niveau de risque supérieur.

Pour le jeu en ligne, l’accessibilité permanente et l’intangibilité des mises désinhibent le comportement des joueurs, ce qui peut les conduire à une pratique excessive. Chez les joueurs à risque élevé, l’étude montre une sensibilité particulière aux mécaniques proches des machines à sous ou des jeux vidéo : effets sonores, visuels, autoplay ou encore gamification.

Le prix des tickets : un autre marqueur de risque

L’attrait des jeux de grattage repose sur une alchimie fine. Pour les petits montants, c’est l’aspect ludique qui domine. Pour les mises supérieures, c’est la promesse de gains significatifs qui stimule les joueurs.

Les tickets à 3 € et plus représentent un seuil de bascule. À partir de ce montant, la pratique devient plus fréquente, les mises augmentent et la perception du jeu change. Tandis que les jeux à 2 € ou moins sont souvent associés à des achats impulsifs (petite monnaie, pour arrondir), les tickets à 5 € ou 10 € sont vécus comme de véritables engagements financiers, avec une attente de gain plus forte et une plus grande aversion à la perte.

Profils variés, risques communs

Le profil des joueurs varie selon l’âge, le genre et le canal de jeu. Les hommes de 25 à 44 ans sont plus enclins à préférer les mises élevées, notamment en ligne. À l’inverse, les femmes et les seniors privilégient les tickets à petits prix en point de vente.

Mais quel que soit le profil, le cumul des petites mises ou la répétition des achats, notamment dans un contexte multicanal, engendre un risque réel de perte de contrôle.

L’influence de la publicité

La publicité et les promotions jouent également un rôle central dans l’incitation à jouer. Un tiers des joueurs reconnaissent que les campagnes marketing influencent leur comportement. Cette proportion grimpe significativement chez les joueurs à risque, qui se disent attirés par la nouveauté, l’espoir de gains ou les jackpots affichés.

L’ambiguïté des messages publicitaires est aussi pointée du doigt. Selon plusieurs participants, même une publicité de la FDJ sans lien explicite avec les tickets à gratter est perçue comme un appel implicite au jeu.

Un appel à l’action pour les régulateurs

Pour l’ANJ, cette étude fournit des données probantes pour ajuster ses politiques d’encadrement et de prévention. La banalisation des jeux de grattage dans la société française, leur diffusion massive, et leur accessibilité en ligne nécessitent une vigilance accrue.

Limiter la publicité ciblée, adapter les jeux en ligne pour réduire leur caractère addictif, ou encore sensibiliser les joueurs aux seuils de mise à risque sont autant de pistes évoquées.

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Caroline est spécialisée dans l'industrie des casinos, où elle allie une connaissance approfondie du secteur du jeu en France et une passion pour les innovations numériques. Elle explore les changements qui révolutionnent cette industrie, depuis l'intégration de l'intelligence artificielle dans l'expérience utilisateur et les analyses de données jusqu'aux technologies de blockchain qui renforcent la sécurité et la transparence des transactions. Curieuse et engagée, elle s’intéresse particulièrement aux solutions de jeu responsable et aux nouvelles régulations, abordant des sujets aussi variés que la protection des joueurs, la gestion des comportements à risque, et l'importance des pratiques éthiques.

Grâce à ses articles fouillés et accessibles, Caroline permet aux lecteurs de mieux saisir les tendances, les innovations et les défis d'une industrie en constante mutation. Elle prend soin de démystifier les nouvelles technologies et de faire le lien entre les avancées techniques et leurs implications concrètes pour les joueurs et les opérateurs. Son objectif ? Offrir une vision éclairée et équilibrée sur un secteur en pleine transition, entre tradition et modernité, tout en contribuant à un dialogue autour d’un jeu plus responsable et sécurisé.

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