Les mystères du cerveau des joueurs dévoilés
Le monde des jeux d’argent intrigue depuis longtemps scientifiques et professionnels de la santé. À Lyon, des chercheurs ont entrepris d’explorer en profondeur les mécanismes cérébraux des joueurs. Ils cherchent à comprendre ce qui se passe dans leur cerveau lorsqu’ils s’adonnent à ces activités.
Les jeux d’argent active le système de récompense du cerveau
Les jeux de hasard et d’argent sollicitent intensément le système de récompense du cerveau. Les sensations fortes associées aux gains potentiels, l’anticipation et l’excitation sont autant d’éléments qui stimulent ce système. Cependant, cette stimulation peut également conduire à des comportements addictifs, rendant essentielle la compréhension des processus neurologiques sous-jacents.
Objectifs de la recherche : comprendre pour mieux prévenir
Les chercheurs du Centre de recherche en Neurosciences de Lyon se sont fixés pour objectif d’identifier les zones cérébrales activées lors de la pratique des jeux d’argent.
À l’aide de techniques d’imagerie avancées, ils espèrent distinguer les mécanismes chez les joueurs occasionnels par rapport aux joueurs pathologiques. Cette distinction est cruciale pour développer des stratégies de prévention et de traitement adaptées.
Guillaume Sescousse, chercheur à l’Inserm et directeur adjoint du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon, explique :
«Notre étude consiste à observer ce qui se passe dans le cerveau de personnes en train de jouer grâce à la technique d’Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle (IRMf), ainsi que dans la « vraie vie » en suivant les participants pendant plusieurs semaines grâce à leur smartphone.»
Les chercheurs s’efforcent d’identifier d’éventuelles différences cérébrales selon le profil des joueurs. En effet, il existe une grande diversité parmi eux : certains jouent sous l’effet d’émotions négatives, tandis que d’autres le font en réponse à des émotions positives. De plus, les mécanismes cérébraux impliqués chez les joueurs de poker pourraient être différents de ceux qui entrent en jeu chez les amateurs de machines à sous.
L’une des hypothèses les plus largement acceptées suggère que les personnes développant une addiction présentent une densité plus faible de certains récepteurs dopaminergiques, appelés D2. Cette particularité entraîne une réponse cérébrale amoindrie face à la récompense. Pour compenser ce déficit, ces individus seraient naturellement attirés par des activités capables de générer des récompenses intenses, entraînant ainsi d’importantes décharges de dopamine.
Implications pour la société et la santé publique
Les résultats de ces études pourraient avoir des répercussions majeures sur les politiques de santé publique. Une meilleure compréhension des mécanismes cérébraux liés aux jeux d’argent permettrait de mettre en place des campagnes de sensibilisation plus efficaces et des programmes de soutien ciblés pour les personnes à risque.
La complexité des mécanismes cérébraux liés aux jeux d’argent nécessite une approche multidisciplinaire. Neuroscientifiques, psychologues, sociologues et législateurs doivent collaborer pour élaborer des solutions globales, alliant prévention, régulation et soutien aux personnes affectées.
Les travaux de ces chercheurs français ouvrent la voie à une meilleure compréhension des interactions entre le cerveau et les jeux d’argent. Ces avancées scientifiques pourraient transformer les approches en matière de prévention et de traitement, assurant une pratique des jeux d’argent plus sûre et éclairée pour tous.