Unibet bloque les recours des joueurs floués
Depuis son siège à Malte, le géant du jeu en ligne Unibet est au cœur d’une controverse majeure aux Pays-Bas. Des milliers de joueurs se tournent vers la justice pour récupérer leurs pertes des années où l’entreprise opérait illégalement mais Unibet semble entraver ces procédures en refusant de fournir des informations cruciales.
Une bataille juridique délicate
Avant l’ouverture légale du marché des jeux en ligne aux Pays-Bas en octobre 2021, Unibet attirait déjà un grand nombre de joueurs. Aujourd’hui, ces derniers demandent le remboursement de pertes qu’ils considèrent comme illicites. Selon Benzi Loonstein, avocat représentant plusieurs milliers de clients, ces dossiers dépendent de l’accès aux relevés de transactions, éléments essentiels pour prouver les montants perdus.
«Jusqu’au 17 avril 2024, tout se passait normalement. Mais après cette date, Unibet a commencé à allonger les délais. De 30 jours prévus par la loi, nous sommes passés à 90, puis à 180 jours. Et même après cette attente, les informations ne sont pas fournies.»
Benzi Loonstein
Une entrave systématique
Unibet justifie cette situation par des complexités juridiques. L’entreprise affirme que la réorganisation de ses activités, incluant la vente à La Française des Jeux (FDJ) de sa division internationale sous le nom Trannel, complique l’accès aux données demandées. Trannel, titulaire d’une licence maltaise, serait désormais responsable de ces dossiers.
«Ils avancent maintenant que les informations ne sont pas disponibles à cause d’un changement de nom de l’entreprise», dénonce Loonstein, qui parle de sabotage pur et simple. Pourtant, selon la réglementation européenne en matière de protection des données (RGPD), les clients ont droit à l’accès à ces informations.
Une défense controversée
Pour justifier son refus, Unibet suggère aux joueurs de consulter leurs relevés bancaires. Une solution jugée impraticable par Loonstein.
«Les banques conservent les données entre cinq et huit ans. Certains cas que je traite remontent à 2004. En outre, beaucoup de paiements ont été effectués via des services comme PayPal, sans mention explicite d’Unibet. C’est comme si un commerçant vous demandait de retrouver vos achats sur vos relevés bancaires au lieu de vous fournir une copie de votre ticket de caisse.»
Des conséquences juridiques et politiques
Face à cette situation, des procédures judiciaires ont été lancées pour contraindre Unibet à divulguer les données nécessaires. Dans une lettre adressée au parlement néerlandais, Loonstein appelle à une régulation plus stricte des entreprises de jeu en ligne, même celles opérant légalement. Il propose que les licences soient révoquées pour les sociétés violant intentionnellement les droits des consommateurs.
En parallèle, il interpelle les clubs de football sponsorisés par Unibet, dont Ajax, AZ Alkmaar et FC Utrecht, pour qu’ils réévaluent leurs partenariats.
«Ces clubs doivent se demander s’ils souhaitent associer leur nom à une entreprise qui ne respecte pas les droits de ses clients.»
Unibet, qui a déjà remboursé plus de deux millions d’euros dans des affaires similaires, y compris un record de 700 000 euros à un joueur de Hengelo, risque de voir sa réputation écornée. Les enjeux financiers et juridiques sont immenses, mais c’est avant tout la question de la responsabilité envers les consommateurs qui est au centre de cette affaire.