Coup dur pour le football néerlandais : 70 millions d’euros perdus suite à l’interdiction des sponsors de jeux d’argent
Le paysage du football néerlandais s’apprête à être bouleversé par une mesure radicale : à partir de juillet 2025, toute forme de sponsoring lié aux jeux d’argent sera strictement interdite. Des noms bien connus comme TOTO, Unibet ou 711 disparaîtront non seulement des maillots des joueurs mais également des stades et des panneaux publicitaires. Cette décision, motivée par la lutte contre la dépendance au jeu et un manque de soutien public, pourrait engendrer des conséquences financières dévastatrices pour les clubs de football du pays.
Une décision aux conséquences majeures
Les clubs professionnels, déjà fragilisés par la pandémie, voient ainsi s’évaporer une source de revenus essentielle.
«La perte directe est estimée à 40 millions d’euros, accompagnée de 30 millions d’euros de pertes indirectes.»
Bas Raemakers, représentant de l’Eredivisie CV
Depuis l’ouverture du marché des jeux d’argent en ligne en 2021, les partenariats entre les clubs de football et les plateformes de casinos et de paris sportifs ont explosé. Des entreprises comme Circus.nl ou Unibet étaient prêtes à investir deux à quatre fois plus que les sponsors traditionnels. Cette manne financière a permis à des clubs comme PEC Zwolle de conclure des contrats records, à hauteur d’1,5 million d’euros par an.
Pourtant, cette prospérité est maintenant menacée. En 2023, les premières restrictions publicitaires ont déjà freiné l’arrivée de nouveaux joueurs. La suppression totale des sponsors de jeux d’argent promet de faire vaciller l’économie du football néerlandais.
Les raisons derrière l’interdiction
La montée en flèche des addictions au jeu a suscité une vague de critiques. Selon la Kansspelautoriteit, les dépenses mensuelles des joueurs néerlandais ont presque doublé, passant de 61,8 à 115,8 millions d’euros entre 2021 et 2023. De plus, les cas de dépendance traités en clinique ont augmenté de 24 % en un an.
Michiel van Nispen, député SP à la Seconde Chambre, a joué un rôle crucial dans l’adoption de cette interdiction.
«Je comprends que cela prive les clubs d’une source de revenus importante, mais il était insoutenable que le sport dépende autant des jeux d’argent. Nous avions été avertis des risques, mais personne n’a écouté.»
Michiel van Nispen
Une politique jugée incohérente
Les clubs de football dénoncent un manque de dialogue. Selon Raemakers, les organisations sportives avaient préparé un plan pour réguler elles-mêmes les partenariats avec les jeux d’argent. Ce plan prévoyait des restrictions strictes sur les campagnes publicitaires et des mesures de sensibilisation contre la manipulation des matchs et la dépendance. Cependant, la décision politique est tombée avant même qu’un compromis puisse être discuté.
«Ce type de politique erratique nuit gravement au football professionnel. Comment rester compétitifs face aux grandes ligues européennes dans ces conditions ?”
Bas Raemakers
Impact inégal sur les clubs
L’économiste Thomas Peeters prédit que les clubs de taille moyenne et les équipes de première division seront les plus touchés.
«Les grandes équipes comme Ajax, PSV ou Feyenoord disposent d’autres sources de revenus, mais les plus petits clubs, dépendants de ces sponsors, verront leur survie menacée.»
Thomas Peeters
De plus, les inégalités entre les clubs risquent de s’accentuer.
«La domination des grands clubs pourrait s’étendre encore davantage. Une redistribution plus équitable des revenus des médias pourrait compenser une partie des pertes, mais cela ne suffira pas à combler l’écart.»
Un scénario similaire en Belgique
La Belgique a également pris des décisions similaires pour limiter le sponsoring sportif par les entreprises de jeux d’argent. Des règles strictes sont entrées en vigueur ce 1er janvier 2025 pour mieux protéger les groupes vulnérables, notamment les jeunes, des risques de dépendance.
- Plus de logos à l’avant des maillots;
- Taille des logos limité à 75 cm²;
- Aucun logo sur les équipements des joueurs de moins de 21 ans;
- Suppression des publicités dans les stades et leurs abords;
- Suppression des logos sur les sites internet et réseaux sociaux des clubs.
Ces mesures sont valables jusqu’au 31 décembre 2027, par la suite le sponsoring par des sociétés de jeux d’argent sera totalement interdit. Ces mesures imposent un réel défi financier aux clubs belges. Le football belge, déjà fragile, devra trouver de nouvelles sources de revenus pour compenser cette perte.
Une solution européenne ?
Bien que certaines voix appellent à une interdiction du sponsoring par des sociétés de jeux d’argent à l’échelle européenne, l’idée divise. Michiel van Nispen préfère une régulation nationale : «Si nous confions ce pouvoir à l’Union européenne, elle pourrait revenir sur cette interdiction, même si une majorité en Hollande s’y oppose».
En attendant, l’avenir financier du football néerlandais est plus incertain que jamais. Les clubs doivent rapidement trouver des solutions alternatives pour compenser cette perte de revenus.