La législation belge est stricte, mais est-elle efficace ?
La Belgique a durci sa législation sur les jeux de hasard en 2023 et 2024, espérant freiner l’accès des jeunes aux paris et aux jeux d’argent. Interdiction quasi totale de la publicité, relèvement de l’âge minimum à 21 ans : les mesures sont fortes. Mais ont-elles réellement un impact ? L’enquête 2025 révèle des premiers effets… mais aussi des limites.
Depuis juillet 2023, les canaux publicitaires pour les jeux de hasard sont restreints en Belgique. Un an plus tard, l’interdiction est renforcée par un changement majeur : l’âge minimum légal est porté de 18 à 21 ans pour accéder à toutes les formes de jeux de hasard et de paris sauf les jeux de la loterie nationale.
Ces mesures, soutenues par la Commission des jeux de hasard, visent une canalisation responsable de l’offre et la protection des publics les plus vulnérables, à commencer par les jeunes adultes.
Premier effet visible : la participation des jeunes recule
Le signal est encourageant : la participation des 18-20 ans chute de 51 % en 2023 à 39 % en 2025. Même si ce chiffre aurait dû tomber à 0% avec l’interdiction totale, ce recul de 12 points en deux ans est quand même une indication que le relèvement de l’âge légal a un effet dissuasif.
La fréquence de jeu diminue également : seuls 6 % des 18-20 ans jouent presque tous les jours, contre 10 % dans l’ensemble des 18-30 ans.
2 joueurs interdits sur 5 continuent à jouer
39%, ce chiffre reste élevé. Malgré l’interdiction, près de 2 jeunes sur 5 concernés jouent encore, que ce soit en ligne ou dans des établissements physiques. Une partie importante de la population échappe au contrôle : défaut de vérification d’identité, plateformes étrangères illégales ou contournement des règles via des proches.
Publicité interdite, mais influence intacte
L’interdiction de publicité à la télévision, dans la rue et sur les réseaux sociaux depuis juillet 2023 a pour but de réduire la pression commerciale sur les jeunes. Pourtant, les recommandations d’amis (40 %) et les réseaux sociaux (32 %) restent les deux leviers d’influence les plus puissants.
Résultat : la publicité directe a reculé, mais les jeunes continuent d’être exposés à une promotion indirecte via des influenceurs, des forums ou leur entourage. De plus, les casinos et bookmakers illégaux continuent à faire de la publicité en masse sur les réseaux sociaux.
Les sites illégaux gagnent du terrain
Si l’interdiction a affaibli l’attrait des canaux officiels, elle semble avoir eu un effet collatéral indésirable : les sites de jeux illégaux progressent. En 2025 :
- 28 % des jeunes jouent sur des sites illégaux,
- 8 % ne jouent que sur ces sites,
- 19 % combinent sites légaux et illégaux.
La diminution de la notoriété des sites légaux (-4 % pour Unibet, -10 % pour Casino777) peut traduire une prise de distance des jeunes vis-à-vis du marketing du jeu. Mais en parallèle, la notoriété de sites illégaux comme Bet365 ou Stake progresse rapidement.
Chez les 18-20 ans, 1 sur 5 fréquente des plateformes interdites. Ces sites sont hors de portée des régulateurs et ne respectent aucune obligation de protection.
Alors oui, la loi semble porter ses premiers fruits, notamment en réduisant l’accès au jeu chez les jeunes de 18 à 20 ans. Mais la présence persistante de 39 % de joueurs dans une tranche d’âge interdite montre les limites de la régulation seule.